lundi 9 mars 2015

La généalogie, une tâche ardue ?

© Samuiblue FreeDigitalPhotos

"La généalogie intéresse les Français, mais leur semble une tâche ardue". Ce titre illustre le dépêche de l'Agence France Presse, publiée suite au sondage réalisé par Opinionway pour Généalogie.com
La généalogie serait-elle réservée à une poignée d'élites ? 





Vous n'avez pas pu le manquer ce week-end : le grand sondage commandité et présenté par Généalogie.com, à l'occasion du premier salon de généalogie à la mairie du 15e arrondissement de Paris.

Près de neuf Français sur 10 (87%) sont intéressés par la généalogie. Un sur deux (51%) a déjà fait des recherches sur sa famille, dont un tiers sur internet, et 57% déclarent qu'un membre de leur famille a déjà fait des recherches généalogiques.

Neuf Français sur dix ?

Nous avons été nombreux ce week-end à réagir au chiffre annoncé par Opinionway. Si neuf Français sur dix sont intéressés par la généalogie, ils ne sont pas dans mon entourage, ni dans ceux des généalogistes croisés ce week-end. Qui sont-ils et surtout où sont-ils ?

Pour modérer ce chiffre, je serai curieuse d'avoir plus de détails concernant cet intérêt. Est-ce juste de savoir jusqu'où dans le temps est remonté le généalogiste familial ? Est-ce juste de découvrir l'identité de ses arrières-grands-parents (plus de 4 sondés sur 10 (42%) sont incapables de donner le nom et le prénom d'un de leurs arrière-grands-parents.) ?


Un Français sur deux ?

Là aussi, une nouvelle interrogation : que veut dire "un sur deux a déjà fait des recherches sur sa famille" ? Quelle est cette notion de recherches sur la famille ? Ne chercher que l'identité des arrières-grands-parents ? Aller jusqu'à la Révolution ? Au-delà ?

Parmi ces 51%, combien ont arrêté ? combien ont continué ? 

Selon moi, la vraie question est là. Combien de personnes ayant commencé leur généalogie ont arrêté ? 

Une personne peut arrêter car, au final, elle ne trouve pas le plaisir auquel elle s'attendait en fouillant les archives.
Une autre peut arrêter car elle trouve la tâche ardue. 

Pourquoi ?

Mais si la quête des origines intrigue, celle-ci apparaît difficile voire très difficile à 85% des sondés. L'ampleur de la tâche (67%), la difficulté d'accès aux documents (65%) et le manque de temps (58%) agissent comme autant de repoussoirs.

L'ampleur de la tâche

La généalogie est une passion frustrante. Nous savons que nous n'aurons jamais fini, que nous n'aurons jamais le temps de mener toutes les recherches dont nous rêvons.
En cela, nous allons à contre-temps de la société de consommation dans laquelle nous vivons.

Tout, tout de suite et pré-mâché.

Programmes télé, applications mobile, sites Internet. Tout est fait pour que nous ayons accès à tout et rapidement.

La généalogie est l'antinomie de tout cela. 

Il faut savoir prendre son temps, choisir et surtout accepter de ne pas pouvoir tout faire. Réaliser que la vie est courte, mais qu'il est bon de prendre son temps. Savoir attendre...

Si nous comparons la généalogie au mode de fonctionnement de la société actuelle, oui, la tâche peut sembler infinie, mais elle vaut la peine que l'on se donne.


La difficulté d'accès aux documents

Je ne sais pas s'il s'agit d'une difficulté physique, se rendre à un dépôt d'Archives à plus de 500 km, ou d'une méconnaissance des documents disponibles et de lecture.

Ce chiffre révèle pour moi une méconnaissance de notre système d'Archives et son accessibilité.
La majorité des Archives sont en lignes et beaucoup ont mis en ligne des guides pour mener une recherche généalogique [1]. Alors pourquoi ce chiffre ?

Je m'interroge donc sur le rôle à jouer par les services d'Archives et les sites spécialisés, afin de diffuser une information sur les documents disponibles (quels documents, où les trouver, comment les exploiter) le plus largement et plus facilement possible.
Je crois que nous avons du travail devant nous pour toucher le plus grand nombre, à nous de trouver les bons vecteurs.

©Debspoons FreeDigitalPhots


Le manque de temps

Ce résultat est à mettre en relation avec les deux premiers. Face à "l'ampleur de la tâche", beaucoup pensent que la généalogie nécessite de s'y consacrer 24h/24.
Bien que nous soyons nombreux à rêver de pouvoir le faire, ce n'est pas le cas. Beaucoup de généalogistes sont encore en activité, ont une famille, bref une vie en dehors de la généalogie.

Comment faisons-nous ?

Nous profitons des Archives en ligne qui ont rendu l'accès aux documents beaucoup plus simple. Ainsi, de ma Bourgogne, je peux à n'importe quel moment de la journée et/ou de la nuit, consulter les registres paroissiaux de Gosné en Ille-et-Vilaine.

Bien que cela paraisse fou pour certains généalogistes, il est possible de ne faire que 15 minutes de généalogie par jour
Les 15 voire 30 minutes que vous alliez passer sur Candy Crush Saga, si vous les consacriez à votre généalogie ;-) ?


En conclusion, la généalogie n'est pas une tâche ardue. 

Comme toute activité, elle demande de la pratique pour acquérir des connaissances.

Ampleur de la tâche, difficulté d'accès aux documents, manque de temps, sont une seule et même vision venant d'une méconnaissance de ce qu'est la généalogie.

C'est à nous professionnels, généalogistes, archivistes, amateurs et passionnés, de donner les clés et de faciliter l'accès à la généalogie.

[1] Edit du 14 mars 2015, suite à certains commentaires critiquant la phrase "Toutes les archives nécessaires pour débuter sont en ligne, alors pourquoi ce chiffre ?" 

5 commentaires :

"Toutes les archives nécessaires pour débuter sont en ligne" : désolé, mais c'est faux ; plusieurs départements comme le Doubs ou le Gard ne sont pas disponibles sur internet ; et d'autres comme la Haute-Saône ou le Haut-Rhin ne proposent que le XIXe siècle.

Même pour les départements dont les archives ne sont pas ligne, il existe des relevés parmi les cercles généalogiques.
Le Finistère n'a que 79 communes en ligne. Aucune chez moi. Le CGF a pu me donner des informations sur mes ancetres de ce département. Sans rien débourser chez eux.


Je reste, comme Sophie, dubitatif sur un tel sondage. Si taper son nom dans Google s'appelle faire des recherches sur son nom, alors d'accord. Sinon....

Pour l'instant je n'ai fait mes recherches qu'en ligne, vue que j'habite a l'etranger et il y a encore beaucoup d'archives que je n'ai pas encore touchees et qui m'attendent sur internet. Par contre pour certains ancetres, que j'ai trouves grace aux archives en ligne, j'aimerais en savoir plus, mais la il faut pouvoir se deplacer (Vincennes pour mon ancetre Capitaine dans les armees de Napoleon, les ANOM a Aix pour les archives du bagne de Cayenne par exemple) ou bien trouver des benevoles ou payer quelqu'un pour faire la recherche. J'ai donc laisse de cote ces histoires interessantes, car je ne sais pas vraiment et n'ose pas demander de l'aide pour des recherches si compliquees. J'attends aussi que la Charente soit gratuite!!!... un jour. Annick H.

Il existe beaucoup de groupes de généalogistes amateurs selon les départements, des "petites mains" (dont je fais partie) décryptent les vieux grimoires , font des listings pour aider ceux qui ne peuvent aller aux archives par eux mêmes, il ne faut pas être timide, et demander de l'aide, et plus tard aller vous même toucher, sentir les vieux papiers, c'est grisant.... Courage!! J'ai grâce à un autre bénévole retrouvé la trace d'un ancêtre... au bagne de Brest , tentez votre chance
Sylvie

Déjà, la généalogie n'est pas une "tâche". Curiosité, loisir, collection, hommage mémoriel, passion conviennent mieux à cette activité, qui peut rester ponctuelle et dont l'intérêt trouve,pour certains, rapidement ses limites. Et tant mieux. Le plaisir n'a rien de proportionnel avec la hauteur de l'arbre. A trouver peu on peut apprendre beaucoup et à remonter loin, on peut n'apprendre rien du tout ou tout comprendre de travers...Comme dirait la chanson : le temps ne fait rien à l'affaire....
Quant aux sondages d'opinion, il ne m'étonnerait pas que celui cité soit, une fois de plus, vite fait mal fait...

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